Akhmim est une ville de la Haute-Egypte située sur la rive droite du Nil en face de Sohag, à environ 130 kilomètres au sud d'Assiout, connue pour un art ancestral de tissage et de broderie qui remonte, selon d’aucuns à plus de 500 ans, et même, selon d’autres, à l’époque pharaonique. Ses textiles alimentent beaucoup de musées à travers le monde.
Bien que les pièces faites à la main soient plus belles et plus authentiques que celles mécanisées,malheureusement, les tisserands ont été durement touchés au cours de dernières décennies, car la prolifération des machines et leurs capacités de production en masse ont rendu presque impossible la concurrence de ces artisans sur le marché du textile. En outre, le métier de tissage à la main et de broderie demande beaucoup de temps, de patience et de minutie, ce qui ne satisfait pas aux besoins de certains qui veulent le gain rapide, ce qui fait que ce métier soit en voie de disparition. Ainsi, des entreprises ou des associations, dont l'objectif est de protéger les méthodes traditionnelles de tissage à la main de la région, sont nées, tout en garantissant à la communauté une source stable de revenus. Le gouvernement s'est intéressé également à préserver ce patrimoine, car si ceci n'est pas un patrimoine, que serait-ce donc?
Dans ce cadre, à compter du 25 juillet et jusqu’au 9 août, Montréal va abriter les broderies des femmes artistes du Centre Communautaire d’Akhmim à l’occasion de l’exposition qui leur est consacrée, en partenariat avec le Bureau Egyptien des Affaires Culturelles et de l'Education au Canada. Ces œuvres textiles extraordinaires mêlent l'art naïf et la maîtrise d’un savoir-faire ancestral venu de Haute-Egypte.
Les thèmes abordés sont, bien sûr, en relation avec le milieu ambiant, incarnant des formes de vie simples, comme la récolte du coton, la vendeuse du fromage et le vendeur de caroub, ainsi que des moments festifs et des motifs musulmans et chrétiens qui représentent un hymne à la vie, au travail et à l'action. Les tableaux, car ce sont de vraies pièces d'art, renferment des animaux et des oiseaux comme l'âne, la chèvre et les pigeons. Les couleurs sont vives et mettent en relief la beauté multiple et diversifiée de la nature en Haute-Egypte ainsi que la spontanéité des artisans et leur beauté intérieure. Cette patience à réaliser leurs œuvres d'art demande de l'amour pour leur travail qui est reflété et ressenti dans ces œuvres. Le Canada, le pays hôte de l'exposition représente une nature et un environnement totalement différents d'Akhmim, ce qui peut évoquer la curiosité des spectateurs. D'ailleurs, l'art naïf est un sujet de prédilection des Canadiens qui admirent les œuvres des peuples autochtones au Musée canadien de l'Histoire par exemple. A l'effort déjà déployé, nous devons ajouter un effort supplémentaire pour protéger cette industrie ainsi que toutes les industries artisanales, afin qu'elles continuent à respirer l'éternité et la survie.